Au début de 2012, indépendamment du conflit israélo-arabe et la question arabo-palestinienne, le schisme géopolitique et religieux au Moyen-Orient est en ébullition, ce qui exacerbe la violence intra-musulmane…  

par Yoram Ettinger

La bataille à l’intérieur de l’Islam se déroule sur le plan religieux, tribal, idéologique et géographique.

Le bilan des morts syriens dépasse les 7000, rapellant le père de l’ Assad actuel en 1982 qui massacra environ 20 000 rebelles sunnites. La confrontation turco-kurde est passé à la vitesse supérieure, dépassant les 40 000 victimes depuis 1984.

Durant la première semaine de Janvier, une série d’attentats sectaires ont dévasté Bagdad et Nassiriya en Irak, tuant plus de 140 personnes. Encore plus ont été tuées dans le bastion sunnite de Mossoul.

Les voitures piégées, attentats suicides et les engins explosifs improvisés sont devenus une routine quotidienne en Irak, dont le Premier ministre Nouri al-Maliki est un arabe chiite, le président Jalal Talabani est un Kurde sunnite et vice-président Tariq al-Hashemi est un Arabe sunnite.

L’Irak est devenu une plate-forme explosive pour sa majorité chiite vindicative (60%), qui a été dominée et opprimée par la minorité arabe sunnite (20%) depuis le XVIIe siècle. Le conflit historique entre les Arabes de l’Irak et sa minorité kurde, 15% – qui souhaite l’indépendance dans le nord du pays-, s’ affrontant avec les militaire turcs complique davantage les choses.

La confrontation sunnite-chiite, qui a traumatisé le Moyen-Orient depuis le VIIe siècle, est réapparu en Irak au lendemain de l’évacuation militaire des Etats-Unis, et est alimentée par la politique d’expansion de l’Iran.

Le retrait américain d’Irak, son départ prévu de l’Afghanistan et l’abandon par les États-Unis de Moubarak de l’Egypte – simultanément avec des victoires des islamistes en Egypte, la Libye et la Tunisie – ont enhardi l’Iran, cette escalade ont accentué l’anxiété des très vulnérables régimes musulmans pro-américains dans le golfe Persique et au Moyen-Orient.

L’hiver sismique arabe a déclenché un séisme politique en déstabilisant violemment trois grandes puissances traditionnelles, idéologiques et militaires du monde arabe – Le Caire, Damas et Bagdad.

Le fait que Moubarak, Kadhafi et Ben Ali – qui étaient perçus comme des dictateurs invincibles – ont été rapidement évincés, témoigne de la violente instabilité intra-musulmane qui continuera d’engendrer, des troubles civils, le terrorisme et des guerres au cours des mois et années à venir.

La guerre civile fait rage au Yémen, où Ahmed Saleh, le fils aîné du déposé Ali Abdallah Saleh, commandant de la Garde républicaine, participe à des conflits locaux tribaux et religieux, attisé par l’intervention militaire saoudienne.

La Maison des Saoud elle-même est fortement impliquée – comme l’est l’Iran – en luttes sectaires au Bahreïn, opposant les chiites contre les sunnites (minorité dirigeante de la famille Khalifa). Bien que l’île de Bahreïn soit petite, le résultat de ses troubles civils pourrait déterminer le sort du Koweït et d’autres Etats du Golfe, dont l’Arabie saoudite.

La tectonique des turbulences intra-musulmanes est encore agitée par les frontières artificielles de tous les pays arabes, qui ont été établies par les Ottomans puis les Français et les Britanniques.

Le journaliste turc, Burak Bekdil, parlait des perspectives de  bouleversements intra-musulmans en août 2011 dans un article paru dans le quotidien turc Hurriyet, il écrivait : "Des masses de morts viendront bientôt encore s'ajouter au génocide au Soudan, aux massacres dans l’Ouest pakistanais, dans le Pakistan oriental (Bangladesh) totalisant 1,25 millions depuis 1971. Au 200.000 morts en Algérie dans la guerre entre les islamistes et le gouvernement en 1991-2006 … Au million de morts pour l’ensemble des musulmans dans la guerre Iran-Irak. Au 300 000 musulmans des minorités chiites et kurdes tués par Saddam Hussein; 80.000 Iraniens tués lors de la Révolution islamique en Iran, 25.000 tués en 1970-1971 en Jordanie pendant  Septembre..."

L’estimation de l’Organisation mondiale de la santé du carnage perpétré par l’organisation d’Oussama ben Laden, al-Qaeda se monte à 150.000 morts… En 2007, Gunnar Heinsohn de l’Université de Brême et Daniel Pipes, directeur du Forum du Moyen-Orient, ont estimé que les violences intra-musulmanes sont responsables de la mort de quelques 11 millions de musulmans depuis 1948, alors que seulement 35.000 (0,3%) sont décédés au cours des guerres arabes contre Israël.

Démographie Chiite

La violence intra-musulmane est enracinée à travers l’éducation à la haine, ainsi que l’attitude de l’Islam envers les apostats.

Selon le professeur Bernard Lewis, (autorité mondiale de la connaissance sur l’islam) , l’apostasie est un crime, et l’apostat est condamné à la fois dans ce monde et dans le prochain. Son crime est la trahison – la désertion et trahison de la communauté … Il est une branche morte devant être coupée « .

Le 2 Décembre 2010, un sondage (Pew) a montré que «la majorité des musulmans seraient favorables à la modification des lois en vigueur dans leur pays pour permettre la lapidation comme punition pour l’adultère, l’amputation d’une main pour le vol, et la mort pour ceux qui se convertissent à une autre religion que l’islam.

Par exemple, 76% des Pakistanais sont d’accord pour que les apostats soient tués, et 13% s’y opposent. Dans un pays d’une population de 172 800 000 (dont 96% sont musulmans), cela donne plus de 126 millions de personnes. Cela n’est pas simplement un groupe marginal.

Les illusions du « printemps arabe », la «religion de paix», la Coalition arabe, et la coexistence pacifique vont rapidement se dissiper. 2012 pourrait se détériorer et être l’une des années les plus instables que jamais dans les affrontements intra-musulmans, et ce complètement indépendant du conflit israélo-arabe et la question palestinienne.

http://www.israel-flash.com/2012/01/islam-la-guerre-de-linterieur/#axzz1kbSlpklM